L'Actu Internationale
vendredi 19 janvier 2024
Olaf Scholz, un chancelier en péril
vignettePar Thierry Arnaud
Editorialiste politique internationale
Le chancelier allemand est de plus en plus contesté par les Allemands et au sein même de sa coalition. L'économie bat de l'aile, les agriculteurs sont dans la rue et le rejet de l'immigration propulse l'extrême droite vers de nouveaux sommets.
Rien ne va plus pour le chancelier allemand Olaf Scholz. Les agriculteurs sont dans la rue. Avec moins d’un quart de bonnes opinions dans les sondages, il est le chef de gouvernement le plus impopulaire de l’histoire de ces enquêtes d’opinion. Fragile dès ses débuts fin 2021, sa coalition dite "en feu tricolore" (le rouge social-démocrate, le jaune libéral, le vert écologiste) tire à hue et à dia, pour le plus grand désarroi des Allemands.

Logiquement, la CDU, l’opposition chrétienne-démocrate, reprend des couleurs. Et surtout, l’AfD, le parti d’extrême droite, s’envole dans les intentions de vote. Les élections de septembre dans trois régions importantes de l’Est et les élections fédérales de l’an prochain se présentent si mal que certains se demandent déjà si Olaf Scholz pourra tenir jusque-là.

Helmut Kohl est entré dans l’histoire en réunifiant l’Allemagne. Gerhard Schröder a porté des réformes audacieuses. Première femme chancelière de l’histoire du pays, Angela Merkel a incarné pendant plus de seize ans avec une habileté politique exceptionnelle un pouvoir sobre et rigoureux, auquel une majorité d’Allemands s’est à ce point attachée qu’il lui a valu le surnom de « maman » ("Mutti"). 

Ni charismatique ni chaleureux, Olaf Scholz s’est vu lui affubler du sobriquet de "Scholzomat". On le lui aurait sans doute pardonné si sa conduite du gouvernement avait été plus convaincante. Or, les crises d’enchaînent. La première porte sur un sujet auquel les Allemands sont particulièrement sensibles: la gestion des finances publiques. Mi-novembre, la cour constitutionnelle de Karlsurhe a répondu par un tonitruant "nein" à la demande du gouvernement de transférer vers le budget 2024 les 60 milliards d’euros prévus pour un plan de relance post-Covid. 
Des élections très attendues 
Toute dette supplémentaire étant exclue, le chancelier s’est trouvé contraint de serrer la vis budgétaire. Il a donc choisi d’instaurer une taxe sur les véhicules agricoles et de supprimer le rabais fiscal sur le diesel agricole. Et s’est ainsi retrouvé face à des milliers de tracteurs dans la rue.

La taxe sur les véhicules a été abandonnée et le rabais amendé, mais la colère est intacte, et menace même de s’étendre à de nouvelles catégories. La menace vient aussi de l’extrême droite et de son parti, l’"Alternative pour l’Allemagne" (AfD), de plus en plus populaire et de plus en plus radical dans son programme de lutte contre l’immigration. 

Le média d’investigation Correctiv a révélé en novembre que plusieurs de ses responsables avaient rencontré des membres d’organisations néonazies pour mettre au point un plan massif d’expulsion des immigrés et "homogénéiser le peuple allemand sur des critères ethniques."

C’est peu dire que l’opposition attend les élections avec impatience. Mais au sein même de la coalition, les appétits s’aiguisent également. Social-démocrate comme le chancelier, le ministre de la Défense Boris Pistorius est bien plus populaire et se verrait volontiers prendre la relève. Chez les Verts, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, charismatique et ambitieuse, n’hésitant pas à marquer ses différences avec Olaf Scholz, a tout aussi clairement la Chancellerie en ligne de mire. 
 
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vignetteThierry Arnaud - Editorialiste politique internationale BFMTV

Thierry Arnaud est éditorialiste international à BFMTV depuis juin 2022. Ancien correspondant à Londres et aux Etats-Unis, il a dirigé durant six ans le service politique de BFMTV et de 2019 à 2022 la rédaction de BFM Business.
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